Baptisée La mécanique de l’art, la nouvelle exposition permanente du musée d’Art et d’Industrie aborde les collections sous un angle nouveau, celui des modèles esthétiques qu’elles furent pour industriels et ouvriers.
La mécanique de l'art, la nouvelle exposition du musée
C’est une image, montrant deux enfants sous un arbre. D’une finesse telle qu’on en croirait une photo. Mais il n’en est rien. C’est un ruban tissé. A l’instar des pixels d’aujourd’hui, qui composent une image numérique, le passementier stéphanois entremêle des milliers de fils au centimètre carré pour composer son motif. Alors, bien sûr, on est ébahi par la technicité, ébloui, même… au point de ne plus voir le dessin, d’en oublier l’oeuvre. Longtemps, le musée d’Art et d’Industrie s’est attaché à montrer le savoir-faire.
À travers sa nouvelle exposition permanente La mécanique de l’art, le musée remet l’art au centre du propos, sur plus de 900 m², dans une scénographie renouvelée et ludique où l’on peut voir, entendre, toucher, actionner.
Les sources du design
Dès la fin du XIXe siècle, le directeur du musée, Marius Vachon, le positionne comme un lieu d’exposition de modèles esthétiques. Il s’agit de former les industriels à l’art, d’acculturer les ouvriers aux modes et aux styles en vogue.
Comment prétendre inonder le marché asiatique de rubans imprimés sans connaître les motifs à la mode au Japon, en Chine, en Corée ? Comment imaginer une affiche pour vendre une bicyclette sans connaître les tendances de l’époque ? Comment réaliser une gravure sur arme qui plaise sans connaître les goûts du moment ? Vous l’avez compris : nous sommes là aux sources du design !
La mécanique de l’art présente les pièces du musée sous le prisme de l’oeuvre qui les décore, et sur deux thématiques principales. La première est l’Orient. Eh oui, au XIXe siècle, les produits stéphanois ont envahi l’Asie !
La seconde est la fleur, omniprésente sur les crosses des armes, les rubans mais aussi sur les céramiques et autres instruments de musique.
Cabinet miniature anglo-indien du XVIIIe siècle, marqueté d’ivoire gravé, l’un des rares exemplaires des productions de Vizagapatam (Inde) présents dans les collections publiques françaises
Le retour du ruban
Si elle aborde son propos dans une approche transversale sur les trois grandes collections du musée, La mécanique de l’art n’en laisse pas moins une place prépondérante à la superbe collection de rubans, qui était fermée au public depuis début avril.
On la retrouve, là, sous toutes ses formes : le ruban de l’intime pour la lingerie, le bijou ou les cheveux ; le ruban tissé pour un tableau, une carte de voeux, une étiquette ; le ruban qui soigne des leaders du textile médical, le ruban d’apparat qui retient la légion d’honneur ou le noeud haute couture qui orne le parfum Miss Dior. Tous ceux-là, hier comme aujourd’hui, fabriqués dans la région stéphanoise.
Sans oublier bien sûr, pour clore le parcours, les matières premières (fils, teintures) et les métiers, fascinantes machines de bois auxquelles Damian, gareur spécialement formé par la Ville de Saint-Étienne, redonnera vie le temps des visites guidées.
De la mécanique de l’art à l’art de la mécanique, la boucle est bouclée.