Rencontre avec Philippe Besson, le parrain de la prochaine Fête du livre

Publié le 23/08/2024

Philippe Besson

Romancier, mais également auteur de scénarii pour la télévision et le cinéma, Philippe Besson est le parrain de la 34e Fête du livre, qui se tiendra du 11 au 13 octobre.

Entretien avec un auteur sensible, qui se plaît à façonner des personnages pour raconter ses histoires.

Vous avez accepté d'être le parrain de la 38e Fête du livre. Quel est votre rapport à ce type d'événement et pourquoi avoir accepté cette invitation ?

Quand on écrit, on est dans une grande solitude et dans un grand silence. C'est le principe. On est seul avec l'histoire, avec les personnages. Le seul moyen qu'on a, nous, auteurs, d'en sortir, c'est de rencontrer les lecteurs.
C'est aussi le seul moyen de savoir si ce qu'on a écrit les a émus, les a percés, les a agacés, les a questionnés, etc.
Et puis, j'aime bien ces moments-là. J'aime la foule. J'aime l'idée de fête. J'aime l'idée de réunir.

Vous avez un parcours atypique. Diplômé d'une école de commerce, vous avez été DRH dans un grand groupe, secrétaire général d'un institut de sondage. Qu'est-ce qui vous a amené à la littérature ?

J'ai toujours eu beaucoup d'imagination. Petit, je n'arrêtais pas de raconter des histoires. Et ma mère me disait « Arrête avec tes mensonges », qui est devenu, plus tard, le titre d'un de mes livres.
J'ai commencé à écrire quand j'avais 17 - 18 ans. Puis j'ai renoncé quand je me suis engagé dans les études, et dans l'univers professionnel. Les hasards de la vie ont fait que j'ai recommencé. Des lettres d'abord. Puis écrire un livre ne m'a pas paru insurmontable.
Et ça s'est produit, à la faveur d'une somme de circonstances - un séjour à Montréal, les chambres d'hôtel, l'éloignement, une tristesse amoureuse, le décalage horaire, l'imagination en mouvement, une histoire qui tournait dans ma tête ...

Votre dernier roman, « Un soir d'été», est l'histoire, votre histoire, d'une bande d'amis dans l'insouciance de l'adolescence, qui se retrouve en vacances et qui va vivre un traumatisme. Pourquoi ce récit autobiographique ?

Cet épisode me poursuivait depuis longtemps. Depuis l'été 85 précisément.
J'étais dévoré par le remord ou une forme de culpabilité : quelque chose s'est produit cet été-là que nous n'avons pas pu, pas su empêcher.
Quelqu'un était là, avec nous, et il a disparu.
Et les disparus, vous savez, ça vous hante, ça vient vous lécher les pieds la nuit, ça vient vous demander des comptes. C'est pour cela que j'ai voulu raconter cette histoire.

La disparition est un thème qui revient beaucoup dans vos livres. Pourquoi ?

Pour une raison assez simple : les hasards de la vie ont fait que j'ai perdu beaucoup de gens. Voilà. Et à des âges où on ne doit pas les perdre. À 20 ans, 25 ans, 30 ans.
Pendant longtemps, si je voulais les voir, ces gens-là, il fallait que j'aille dans les cimetières. J'ai fait connaissance avec la disparition très tôt et très violemment dans ma vie.
Et cette question me poursuit. Ce disparu de l'été 85, dans « Un soir d'été », c'est le premier qui s'en va. C'est le premier qui fait défection.

C'est d'une tristesse infinie, de perdre des proches. Or, dans votre écriture, on ne la ressent pas. J'imagine que c'est une volonté ?

Oui, car les morts, avant d'être morts, ont été des gens vivants ! Et il faut se souvenir des vivants. Il faut se souvenir qu'ils ont été là, solaires, lumineux, merveilleux, magnifiques, insouciants, indolents, oisifs, joyeux, désirants. C'est ça qu'il me fallait restituer dans « Un soir d'été ».
Et puis, dans ce roman, j'ai voulu parler de l'été. De la lumière, de la chaleur, des plages, du sable qui colle aux chevilles, des gens qui jouent au frisbee, de la fraîcheur de l'eau dans laquelle on se jette.
J'ai voulu parler, aussi, d'une époque, celle des années 1980. Celle de Jeanne Mas, Étienne Daho et Modern Talking. Celle des bistrots peuplés de flippers et de baby-foots.

Vous avez écrit plus d'une vingtaine d'ouvrages. Lequel conseilleriez-vous à quelqu'un qui n'a jamais lu Philippe Besson ? Par quoi commencer ?

Je commencerais par « Arrête avec tes mensonges » ou « Paris-Briançon ».
Le premier parce que c'est la clé, grosso modo, de tout mon parcours littéraire. Si vous aimez le jeune homme qui vient se présenter à vous dans ce roman, vous aimerez le reste.
Le deuxième, « Paris-Briançon »,carde l'avis de mes lecteurs, tout le monde entre facilement dans l'histoire. Et embarque à bord de ce train de nuit dans lequel il va arriver quelque chose.

Photo : DR