Artiste stéphanois autodidacte, Oakoak s’est fait une réputation mondiale dans l’univers du street art en détournant et en humanisant les éléments de notre environnement urbain. Reconnu donc, mais toujours anonyme.
Des oeuvres éphémères
Il est partout et nulle part. Il a réalisé des centaines d’oeuvres, dont la très grande majorité a disparu ou n’existe plus que sur une photographie qu’il est, peut-être, possible de retrouver dans les entrailles des réseaux sociaux, le canal de diffusion qui a fait connaître ses détournements urbains dans le monde entier.
Comme son ours blanc assis sur la barre du T d’un panneau de Stop et qui assiste, impuissant, à la disparition de la banquise et à la montée des eaux. Ou son Snoopy qui vient se coucher sur une niche matérialisée par l’ombre d’un élément urbain, à certaines heures seulement, en fonction du soleil.
Aucune étude artistique
Vous l’avez peut-être aperçu le 21 novembre dernier, à l’ancienne école des Beaux-Arts, où la Ville lui loue un atelier qui était ce jour-là accessible au public. Ou vous l’avez sûrement croisé dans la rue, son terrain de jeu, sans savoir que c’était lui car il préserve son anonymat.
« Ça permet aux gens de se concentrer sur mon travail et non sur la personne qui le fait, explique-t-il. J’aime être incognito et j’entends le rester, même si j’apparais parfois, quand j’interviens pour des ateliers dans les écoles ou lors d’un festival. »
Habitant depuis très longtemps à Saint-Étienne, Oakoak est devenu une signature internationale du street art, ce mouvement qui fait de la rue et de ses éléments (murs, mobilier, routes, trottoirs…) un support d’expression artistique libre. Jusqu’à voir ses oeuvres exposées à côté de celles d’artistes de référence, comme le graffeur pochoiriste français Blek le rat.
Voilà plus de dix ans maintenant que ce quadragénaire vit de ses créations éphémères, drôles et poétiques. Il n’a fait aucune étude artistique et n’a été formaté par aucun code du milieu.
« J’ai commencé en faisant deux yeux autour d’une bouche d’égout près de laquelle je passais tous les jours, en allant au travail », se souvient cet ancien employé d’administration, qui aime plus que tout laisser son regard et son imagination vagabonder au rythme de ses pas.
Comme un réalisateur de cinéma qui ferait ses repérages en attente de l’inspiration. « Comme un enfant qui regarde les nuages et cherche des formes », se plaît-il à imager. Avec toujours un feutre, un mètre et son téléphone portable en poche, pour alimenter une photothèque riche de milliers de clichés.
« Je veux juste faire sourire ou rire »
Au début, Oakoak (qu’il faut prononcer « wak-wak » et qui fait référence au chêne, en anglais, mais aussi au « coin-coin » du canard) utilisait surtout le collage, une technique plus rapide à poser et qu’il préparait chez lui. Il utilise désormais plus régulièrement le pochoir et les bombes de peinture.
Comme celui, originel, conçu à partir du cliché d’une radiographie et qui trône dans son atelier. Il représente Louise Brooks, une actrice américaine des années 1920 et 1930.
« Je n’ai aucun message, assure-t-il. Je veux juste faire sourire ou rire. »
Inspiré par l’univers des jeux vidéo des années 80-90 et les dessins animés (notamment Les Simpsons), l’homme a vu ses créations inonder la Toile. De la France au Canada, de la Belgique aux États-Unis, du Japon à l’Espagne. Les rues du monde sont devenues les lieux d’expression de cet artiste stéphanois, exposé dans plusieurs galeries sur le globe, passionné de football et admirateur du travail de l’artiste espagnol Pejac.
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